Histoire naturelle du HPV
Histoire naturelle du papillomavirus
Le papillomavirus humain (HPV) représente l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente au monde. En fait, on peut considérer qu’il ne s’agit pas vraiment d’une maladie mais d’un simple marqueur d’activité sexuelle.
En effet, presque tous les individus qui ont des contacts sexuels (et cela ne se limite pas seulement aux rapports hétérosexuels avec pénétration), ont déjà rencontré au moins un HPV, le plus souvent dès le début de leur vie sexuelle :
-6 mois après ses premiers rapports une femme sur deux est porteuse
-1 an après, c’est près de 80%
On peut donc comparer l’infection par HPV aux autres virus de l’enfance comme la varicelle ou la mononucléose, à la différence que ce virus se transmet en grande majorité par voie sexuelle et donc un peu plus tard dans la vie.
Le préservatif n’est pas suffisant pour éviter la transmission, car le virus est présent sur les mains, le pubis, le périnée… La seule protection efficace est la vaccination, effectuée chez les jeunes enfants.
Il existe un très grand nombre d’HPV différents, mais seuls une douzaine d’entre eux sont susceptibles de transformer les cellules du col de l’utérus en cellules cancéreuses. On les appelle les HPV « à haut risque », mais en réalité même pour ces HPV le risque de transformation cancéreuse est faible. Parmi eux les plus connus sont l’HPV 16 et l’HPV 18 qui sont à eux seuls responsables de 70% des cancers du col utérin. C’est d’abord contre ces HPV que le vaccin a été créé, il y a bientôt 20 ans.
L’infection ne donne aucun symptôme et le plus souvent le virus disparaît tout seul en quelques mois ou quelques années. Il n’y a d’ailleurs à l’heure actuelle aucun traitement qui ait fait la preuve de son efficacité contre le virus.
Parfois le virus persiste, notamment chez les patientes immunodéprimées ou les fumeuses (c’est la nicotine, qui est concentrée dans la glaire cervicale et qui agit localement comme un immunosuppresseur). Au bout de quelques années le virus modifie les cellules et elles peuvent devenir pré-cancéreuses ou cancéreuses. Ce sont ces cellules modifiées que l’on recherche avec le frottis et la colposcopie.
Les états pré-cancéreux du col de l’utérus se soignent très bien, grâce au laser ou à une opération simple appelée conisation. Mais le virus, lui, peut persister. C’est pourquoi il est nécessaire de poursuivre la surveillance.
Publié le 21 janvier 2025 par dr Pierre Kouchner